toute leur adreſſe en uſage pour ſatisfaire la
leur. Voilà, Octavie, comme je me menage
avec Oronte, & comme j’agis en même temps
avec Cléante.
Fort bien, fort bien ; je comprends quel eſt ton commerce avec Cléante.
Il faut, Octavie, que je te donne en peu de paroles une parfaite idée de ma conduite ; écoute-moi. Depuis que je ſuis engagée dans le mariage, je me ſuis également partagée entre Oronte & Cleante : j’accorde à Oronte tout ce qu’il ſouhaite de moi pour ſa volupté, même les choſes dont je n’en reçois aucune ; & à Cleante, je ne demande que celles qui me ſont ſenſibles. L’un me commande, j’ordonne à l’autre : mon mari a la jouiſſance de mon corps, moi je diſpoſe de celui de mon Amant ; j’obéis à Oronte, je ſuis maîtreſſe de Cleante. Réfléchis un peu ſur la différence qu’il y a de la condition d’une femme libre, avec celle d’une eſclave ; & penſe, mon enfant, que pour vivre heureuſe, il faut faire une alliance de ces deux vies.