droite. Eh bien, Octavie, voulez-vous être bienheureuſe,
me dit le pere, & vous mettre dans
le véritable chemin du Ciel ? Je le ſouhaite, dis-je.
Il me donna après cela quelques coups, mais
ſi doucement qu’ils me chatouillerent plus qu’ils
ne me bleſſèrent : pourrez-vous, ma chere enfant,
pourſuivit-il, en endurer de plus rudes ?
Ma mere répondit pour moi, & dit que je ne
manquerois pas de courage. Auſſi-tôt, depuis le
haut juſques en-bas, je m’en ſentis chargée,
mais avec tant de violence, que je ne pus m’empêcher
de crier : Ah ! c’eſt aſſez, c’eſt aſſez, ayez
pitié de moi, ma mere. Prenez courage, me
dit-elle, voulez-vous achever vous-même ce qui
reſte ? fort bien, dit le Pere Théodore, voyons
comme elle s’épargnera. Prenez, pourſuivit-il,
ce ſaint inſtrument de pénitence ; châtiez, comme
il faut, cette partie, qui eſt le ſiege du plaiſir
infame. Ma mere me montra avec la main comme
je devois faire ; je me donnai donc deux ou
trois coups aſſez rudement ; mais je ne pus continuer :
Je ne ſaurois, lui dis-je, me faire de
mal moi-même ; ſi vous voulez, je ſuis prête de
ſouffrir tout de vous : en diſant cela, je lui remis
le fouet entre les mains. Elle le donna au
Pere Théodore, parce que, diſoit-elle, j’aurois
plus de mérite d’endurer de lui, que d’un autre.
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