Aller au contenu

Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 308 )


tit poil follet qui ne fait que naître, & qui eſt plus fin que la ſoie. Cette partie de Marianne me ſembla plus élevée que celle du commun ; car comme ſon embonpoint rend ſon ventre un peu avancé, cet endroit paroît comme une piece hors d’œuvre : c’eſt la ſituation la plus avantageuſe qu’on puiſſe deſirer, pour goûter le plaiſir dans toute ſon étendue.

Tullie.

Tout ce que vous venez de dire, me paroît divin ; c’eſt plutôt la peinture d’une Déeſſe que d’une mortelle ; & il me ſemble par le portrait de Marianne, voir Vénus toute nue. J’ai ſeulement remarqué une choſe parmi tant de beautés, qui paſſe dans mon eſprit pour une imperfection ; c’eſt que ſes tettons ſe touchent : il me ſemble qu’ils ſeroient bien plus agréables, s’ils étoient ſéparés par une juſte diſtance.

Cléante.

Ah ! Tullie, ſi l’éloignement de ces deux parties a quelque agrément, ſachez que leur proximité a auſſi ſes avantages : elle eſt extrêmement voluptueuſe pour celui qui fait l’action ; elle lui échauffe bien plus l’imagination que s’ils étoient éloignés, & le plaiſir qu’on reçoit de cette ſituation doit être préférable à l’autre.