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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/348

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Octavie.

Ah, Dieux, quel eſprit ! continue ; je ſuis charmée de ton ſavoir & de ton éloquence.

Tullie.

Sous le nom Celtes, je ne comprends pas ſeulement les François qui ſont au-delà des Alpes, mais toutes les nations du Couchant, comme les Italiens & les Eſpagnols ; ces deux derniers y ſont les plus adonnés. La plupart des François l’ont en averſion, & font même brûler ceux, qui ſont convaincus de s’y être abandonnés. Ils croyent que le fer n’eſt pas capable de venger l’outrage que l’on fait à la chaſteté. Les Italiens ne ſont pas ſi rigoureux, & diſent que les François n’ont pas le goût bon pour la volupté, puiſqu’ils la mépriſent dans ce qu’elle a de plus piquant ; ils commencent néanmoins à préſent a y être un peu plus ſenſibles. Pour moi, Octavie, je ne vois pas que les hommes ayent là-deſſus tout le tort qu’on s’imagine ; & je confeſſe qu’encore que la beauté qui eſt l’origine de l’amour, ſoit notre partage, nous leur donnons néanmoins ſujet d’aller chercher ailleurs un plaiſir plus parfait que celui qu’ils prennent avec nous.

Octavie.