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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/392

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trait d’une belle femme. Preſque tous ſont d’accord des qualités que doivent avoir la bouche, les levres & les dents. Ils diſent qu’une petite bouche eſt le véritable ſiege de l’amour ; & que les femmes qui l’ont de la ſorte, ont la partie d’en-bas fort petite, & peu ouverte. C’eſt le ſentiment de tous.

Octavie.

C’eſt en quoi ils s’abuſent ; & Ferdinand s’eſt plaint d’avoir été trompé par-là. Il épouſa Froſine, dont la bouche étoit ſi petite, qu’elle en étoit admirée de tous ceux qui la voyoient. Eh bien ! la premiere nuit de leurs noces, Ferdinand qui eſpéroit que la bouche d’en-bas auroit du rapport avec celle d’en-haut, fut bien ſurpris de voir une porte cochere où il entroit ſans difficulté. O la belle bouche ! dit-il, en baiſant ſa femme ; mais qu’elle eſt encore bien plus trompeuſe ! Fais en ſorte, ma chere Froſine, continua-t-il, qu’elle ne me ſéduiſe pas dans les autres choſes, comme elle m’a menti dans celle-ci. Eh quoi, interrompit-elle, quel ſujet avez-vous de vous plaindre ? on ne vous a point trompé : & ſi vous êtes ſi au large, ce n’eſt pas que je ſois trop ouverte ; mais cela vient de ce que votre inſtrument eſt