te des douleurs que je ſouffrirois dans les premieres
attaques qu’on devoit donner à ma virginité ;
elle m’avoit appris ce que je devois faire
de mon côté, ce que je devois dire, & elle n’avoit
rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre
notre plaiſir plus grand : enfin, je ſavois juſques
aux moindres circonſtances d’une parfaite conjonction.
Etant donc ſi bien préparée, j’attendois
mon adverſaire, dans la réſolution de le bien
recevoir, s’il avoit plus de force que moi ; je ne
lui cédois point en courage : j’aurois ſeulement
ſouhaité d’être délivrée d’une certaine pudeur,
qui m’empêchoit de me ſervir d’abord de toute
mon adreſſe.
Je ne m’étonne point que vous ayiez couché la nuit de vos noces toute nue avec Oronte : je ſais que ma mere en fait de même toutes les nuits avec mon pere.
Patience : modere un peu cette ardeur indiſcrete d’apprendre tout en un moment ; écoute-moi ſeulement : tu ſauras après tout au fond, je n’oublierai pas un ïota, & je te dirai chaque choſe par ſon ordre. Sitôt que ma mere ſe fut retirée, & qu’Oronte m’eut apperçue toute ſeule