ſoupirs amoureux, ſes yeux moitié vifs, moitié
mourants, témoignoient aſſez que ſa joie étoit
infinie.
Bien qu’il eût fait la décharge en vaillant homme, il ne voulut pourtant pas déconner : Je veux récompenſer, me diſoit-il plaiſamment, toutes les pertes que j’ai faites, & je veux en uſer en vainqueur. Quoi ! Oronte, lui dis-je, n’êtes-vous pas ſatisfait ? dites-moi quels peuvent être les droits du vainqueur ? je recevrai les loix que vous voudrez m’impoſer, ſoit que vous me vouliez traiter en eſclave, ou en femme libre. Lorſqu’on s’eſt rendu maître d’une place, reprit-il, qui a coûté comme la vôtre tant de ſueurs & tant de ſang, nous pouvons y reſter tant qu’il nous plaît ; il n’y a rien qui puiſſe nous forcer d’en ſortir : ce ſont-là, Tullie, les droits les plus ſacrés d’un Vit victorieux ; & je prétends que vous confeſſiez votre défaite, & que votre Con tout rompu, tout déchiré, le reconnoiſſe pour ſon ſouverain. Cependant préparez-vous à un nouvel aſſaut : vous voici à la fin de vos peines, & je veux vous faire avouer qu’il n’y a point parmi les mortels de volupté plus ſolide & plus douce, que celle de Vénus. Afin de vous la rendre plus ſenſible, je veux vous apprendre ce que vous devez faire ; à meſure