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LA TRAME ROMPUE ET LA GRANDE PITIÉ DE JEAN

pour la vie rurale, surtout à Saint-Germain, une inclination atavique du côté de la vie d’aventures sur mer, et le désir de la fortune édifiée à la manière américaine. Rien de tout cela, certes, nous le savons bien, ne provient de l’éducation qu’on a voulu lui donner ; mais tout cela s’affirme de plus en plus dans la mentalité du jeune homme, à la suite des événements divers qu’il a subis depuis quelques mois.

La mort soudaine de l’oncle Dupin devait avoir son funeste effet sur la famille Pèlerin. Au premier échange de lettres sympathiques avait succédé une correspondance fascinatrice et pressante dans laquelle la riche veuve éplorée priait sa sœur de venir habiter avec elle. Ce projet aurait dû sourire à Jean ; mais il ne fut pour lui qu’un surcroît de contrariété. Malheureusement, la mère Pèlerin, pauvre plante agreste, poussée dans le terroir canadien, y tenait par des racines trop profondes. Vouloir l’en extraire pour la transplanter là-bas, c’était déjà la détruire. Les discussions furent longues dans les tête-à-tête solitaires