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RETOUR ET DÉPART

 
« — Je comprends qu’on délaisse un roi… mais la patrie !
« Ce domaine, humble ou grand, par nos aïeux formé,
« Qu’ils ont conquis, qu’ils ont gardé, qu’ils ont aimé ;
« Cette terre sacrée entre toutes les terres,
« Faite du sang des fils et des larmes des mères…
« Oh ! non ! non ! ce n’est pas possible ! »

Le jeune homme applaudit au geste du vieillard, mais s’attriste aussitôt. Il n’a pas encore dit, depuis l’heure de son arrivée, la vraie cause de son retour ; tant il lui en coûte d’avouer que cette patrie regrettée et qu’il a voulu revoir, c’est pour la quitter définitivement cette fois.

Après d’habiles précautions, il attaque le sujet. La rencontre de son cousin sur la Méditerranée prépare l’esprit de son interlocuteur, mais Jean hésite encore, se laisse presser de questions et finit par faire connaître la grande détermination qu’il a prise.

— « Dis-moi tout ; n’omets rien, je t’en prie. Tu vas repartir encore à l’étranger, à l’aventure, sur terre cette fois ?

— Pardon, ce n’est plus à l’aventure, monsieur le curé. Voici des lettres, un engagement écrit par celui-là même qui me prend à son service, qui m’a procuré