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NOSTALGIE

provisoire dans un négoce dont l’âme et le cœur se dégagent, comme d’un expédient des jours mauvais.

« Nous sommes encore des sans patrie », avait bien dit Émile à son cousin Jean. Quelques années plus tard, n’est-il pas logique qu’ils cherchent tous deux à satisfaire enfin ce besoin, inné pour l’homme social, d’aimer une terre qui gardera avec la cendre et le souvenir de leurs ancêtres des noms vénérés, et des mérites personnels religieusement transmis à la lignée de ceux dont ils se seront évertués de préparer l’avenir. Le sol étranger sur lequel ils ont commué leur misère, si généreux qu’il leur ait été, ne saurait conserver ainsi la légende familiale.

Or toutes ces impressions rien moins que définies créent dans leur existence actuelle un malaise qui en compromet la sérénité. De jour en jour elles se font moins vagues et finalement se traduisent dans ce beau projet, qui sourit à tous et plus qu’à tout autre peut-être, à la grand’mère Dupin : une villégiature au Canada, à la suite de