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L’ŒIL DU PHARE

ruines affleurent encore au ras du banc de neige. Or, décidément la villégiature annuelle aux rives du Saint-Laurent restera désormais comme un besoin dans leur vie. Ce besoin nouveau n’est pas celui du Summer Resort à la mode que l’on trouve un peu partout à de si distantes latitudes sur le vaste littoral américain, besoin le plus souvent factice accusé par la vanité, mais celui qu’agrémente l’amour filial ou le sentiment patriotique. Et ils ont appris maintenant, ces deux hommes assagis par l’âge et favorisés par la fortune, que ce sentiment vivifie les cœurs non pas là où l’on vit bien, mais là où l’on a appris à aimer.

La tradition familiale oblige aussi comme la noblesse.

L’idée d’avoir un pied-à-terre au Canada, et pas ailleurs qu’à Saint-Germain, à l’écart du snobisme étranger, dans l’intimité de la parenté, occupe déjà l’esprit d’Émile et de Jean mieux qu’à l’état de projet même défini. Pendant que ces dames en causent pour en causer, eux étudient les aspects, dressent des plans et crayonnent