Aller au contenu

Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
L’ŒIL DU PHARE

liers ou regrette de ne pas entendre d’ici le ronflement de ses hauts fourneaux qui font sa vie ! »

En ce moment, au faîte de sa tour blanche, le phare s’allume. À la demi-minute, il projette un éclat que l’on dirait de plus en plus vif, dont s’enflamme, sur la rive au sud, le verre des deux tourelles rouges qui flanquent en encorbellement la façade du châtelet neuf ; comme si l’âme familiale des Pèlerin, à jamais consolée, y était revenue veiller avec lui dans la nuit, pour chasser désormais de ces lieux les esprits nocifs qui causent les sinistres et les deuils. Ce jet de lumière fatidique se reflète du même coup dans l’œil et dans l’esprit de Jean qui s’émotionne et en vient à comprendre que si un ange céleste veille sur l’avenir des familles, il est une âme aussi qui fait battre d’un rythme spécial le cœur des races.

Douce lumière, pense-t-il avec le poète :

« Mon cœur à ta clarté s’enflamme ;
Je sens en moi des transports inconnus ;
Je songe à ceux qui ne sont plus :
Douce lumière, es-tu leur âme ? »