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L’ŒIL DU PHARE

les conduisit finalement, le même jour, comme un frère et une sœur, à la table de leur première communion. Puis, à mesure qu’ils avaient grandi avait aussi grandi la distance que leur imposait la réserve d’une candeur pourtant toujours affectueuse.

À la place de Jean qui s’éloigne, Rose sera là, auprès de la veuve inquiète, constamment sous son œil alangui dont les effluves d’amour maternel ne sauraient plus sur qui tomber. Elle lui servira de prétexte pour causer sans cesse de ce fils absent, tandis qu’à l’esprit de la jeune fille elle-même l’image et le souvenir de l’ami d’enfance voudront bientôt, secrètement, inconsciemment, s’auréoler d’un sentiment jusqu’alors inconnu.

Monsieur le curé ne fut pas longtemps sans revenir faire part à madame Pèlerin des graves réflexions que lui avaient inspirées les derniers événements. Lui aussi, dans l’improviste du départ des deux jeunes gens, n’avait pas su comprendre tout d’abord quel effet probable aurait chez son élève cette diversion subite dans une vie