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L’OEIL DU PHARE

C’est là que vit, dans le travail et la solitude de chaque jour, la veuve de Gilles Pèlerin qui ne lui a laissé pour tous biens qu’un arpent de terre à cultiver, son fils Jean à élever et le souvenir d’un bonheur domestique dont elle entretient le reste de sa vie.

Le ménage de Gilles Pèlerin et de Cécile Dubreuil avait été de courte durée. Caboteur d’une rive à l’autre du Saint-Laurent et de Québec aux ports du golfe, Gilles avait à peine défrayé le coût de sa goélette qu’il songea à se créer un foyer domestique, à se loger chez lui, sur la bonne terre de sa paroisse natale. Dès ce moment, l’attache au foyer lui devint pénible quand il lui fallait partir, non plus allègrement comme autrefois, mais avec le regret au cœur de laisser à terre des êtres chéris qui pourraient souffrir de son absence. Aussi, lorsqu’à la mort de son vieux père, le poste de gardien du phare de la Grosse-Île devint disponible pour les partisans fidèles du gouvernement, il n’hésita pas à rechercher à son tour cette fonction en même temps