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L’ŒIL DU PHARE

et qu’on laisse à ses enfants avec l’amour des siens et l’orgueil de son nom ?

« C’est plus qu’un avoir immobilier ; c’est mieux qu’un actif dont on peut troquer la valeur sur le marché ; c’est de la patrie sacrée, le bien de la famille !

« Or, crois-tu que si tous ceux-là, dont les restes attendent ici le grand réveil, avaient aussi déserté la terre canadienne, comme l’oncle Dupin, pour s’en aller s’enrichir et mourir au milieu d’un peuple dont le tiers peut-être n’a pas d’autre religion que le bien-être de la vie, après avoir tant suivi et regardé les hommes qu’ils auraient oublié le ciel, crois-tu, Jean, qu’au moment où nous en parlons, ils seraient plus heureux qu’ils ne le sont-là ?

« Ceux à qui ils auraient laissé leurs richesses, laborieusement acquises, j’aime à le croire, n’auraient pas manqué de les commémorer respectueusement dans le faste d’une sépulture. Mais l’isolement, au sein de la terre étrangère, le tourbillonnement de leurs mérites purement humains, entraînés avec leurs capitaux et leur souve-