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L’OEIL DU PHARE

édifié par le gouvernement à l’ombre de l’immense tour au sommet de laquelle, chaque soir, par le vent d’orage ou sous un ciel serein, s’allumera l’œil incandescent du phare, clignotant toute la nuit à double intermittence, au-dessus de la forêt de sapins, dans le clair-obscur des feux attardés du crépuscule jusqu’aux rayons anticipés de l’aurore.

Dans l’isolement et le silence, la petite famille vaque aux occupations domestiques, tandis que son chef, une fois le phare éteint, s’amusera à la culture d’un potager, peut-être, à la pêche et à la navigation de plaisance dans un joli yacht que lui fournit le gouvernement. Deux ou trois fois la semaine, le dimanche si la marée adonne, pour assister à la messe dans l’une ou l’autre des paroisses de la rive sud, plus souvent, pour aller quérir les papiers de la poste, les nouvelles du village ou quelques effets des magasins, il traversera les deux milles du bassin qui le retiennent à l’écart de ses coparoissiens. Pourvu que, le soir, il soit là pour mettre et tenir en mouvement