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AUX RAYONS D’UN BONHEUR ANTICIPÉ

Mais alors l’œil de la charité s’apitoyait sur une misère, et d’autre part la voix de la reconnaissance s’embarrassait d’une gêne irréductible, fut-elle même sans aucun orgueil humilié. Aujourd’hui, on dirait que les sympathies sont moins inquiètes, sinon plus franches, hélas ! avouons-le, parce qu’un prestige mondain a passé sur eux, le prestige de la richesse apparentée. Mais ne scrutons pas davantage ce côté faible de la nature humaine, et réjouissons-nous de ce bonheur, même précaire, rassérénant par anticipation des yeux qui n’ont déjà que trop pleuré.

Quand on possède quarante arpents d’une terre en plein rapport, avec des troupeaux primés à toutes les exhibitions agricoles, et plusieurs milliers de piastres en bons placements, on est certes en haut crédit, en vue, comme l’était à Saint-Germain le notable Pierre Brillant. Et quand on s’appelle mademoiselle Esther Brillant, unique héritière de ce notable, si l’on est encore plus jolie que la moyenne des