une assemblée de ses électeurs de Bellechasse, qui, depuis des mois, lui demandaient à grands cris de remettre son mandat escamoté ; mais à l’oreille placide sinon tout à fait édifiée du journaliste de Toronto, il pouvait, certes, dans le plus pur anglais, dire ce qu’il avait toujours pensé, naguère surtout, du sort de la langue française au Canada.
Si jusqu’à présent, dans toute sa vie, Félix Larive n’a jamais regardé qu’en haut, plus haut que lui dans l’échelle sociale, et jamais pu connaître ainsi le malaise du vertige, voici maintenant qu’il lui faudra regarder en bas, cette foule audacieuse qui s’agite à ses pieds, veut lui imposer des comptes à rendre de sa conduite, et le poursuit de ses invectives.
C’est alors que, du haut de sa superbe, ce regard abaissé sur les manants va devenir pour lui dangereux et fatal, en lui faisant monter à la tête par les nerfs le vertige de l’orgueil.