Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/234

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commerce, la double rangée de jetées qui encaissent les larges eaux courantes du fleuve, les constellations de feux électriques scintillant sur la falaise de Lévis, et là-bas, dans l’Est, la lune dont la face pâle émerge des hautes futaies de Harlaka. Les bruits qui montent à son oreille sont plus discrets : c’est le roulement du tramway dans les rues basses, le clapotis des eaux au passage d’un cabotier attardé, quelques effluves d’harmonie échappées de la grande terrasse, l’aboiement d’un chien sur les quais ou les efforts d’une locomotive dont les halètements se répercutent d’une falaise à l’autre par-dessus les eaux endormies du fleuve.

Derrière lui, à quelques pas seulement, dominant l’épaisse et haute muraille du préau des séminaristes, les clochettes de la terrasse des lilas, ne pouvant prendre part à tous ces bruits, s’efforcent au moins de jeter à la brise du soir qui passe le carillon suave de leur parfum.