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L’ARRIVISTE

cordes décidément grincheuses d’un deuxième violon, en tenant scrupuleusement les yeux sur les pages d’une méthode nullement infaillible pour conduire à la virtuosité. Il en avait cependant retenu deux choses : la valeur des temps et des contre-temps, puis la différence des tons.

Et c’est encore cette précieuse notion-là qui va lui être brutalement rappelée.

Dans un orchestre retenu pour le grand bal du maire de la ville, à la dernière heure un artiste fait défaut. Le chef lui offre de prendre sa place ; ce qu’un dernier exercice d’ensemble lui rend assez facilement possible, et il sourit à l’idée de gagner dans une seule soirée autant que, l’année précédente, un de ses élèves privés ne lui payait qu’au bout d’un mois. Il est vrai que ce maire est aussi l’un de ses professeurs de droit ; mais, dans la foule, il n’ira pas remarquer son élève au deuxième rang, et au deuxième violon de l’orchestre.