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L’ARRIVISTE

— « À votre place, M. Guignard, dit le chef d’orchestre. On nous demande de commencer. »

Dans le cours de la soirée, deux ou trois fois, quelque chose comme un frémissement nerveux, un spasme, un haut-le-cœur peut-être faillit jeter le désarroi dans les coups d’archet et les staccati du deuxième violon.

— « Je vous aurais cru meilleur mesuriste, M. Guignard, lui dit, après la soirée, le chef d’orchestre, et votre oreille n’est pas toujours assez scrupuleuse. L’oreille, l’oreille ! mon cher, pour les instruments à corde ! Après tout, ce n’est pas votre métier, vous n’étiez qu’un suppléant ; on peut vous pardonner d’avoir été nerveux pour une première dans le monde.

— Je l’avoue, monsieur le chef, plus d’une fois, j’ai moi-même remarqué que je n’étais guère dans le ton ou que j’accélérais pour en finir au plus tôt. C’est ce qui ne m’arrivera plus, je l’espère. »

Et le jeune homme, fatigué, déprimé, profondément humilié, cette fois, regagna