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L’ARRIVISTE

habitué depuis longtemps à reconnaître cette supériorité à laquelle il lui plaisait de se soumettre, même d’y contribuer généreusement. Disons aussi à l’honneur des autres étudiants, dont la noblesse de sentiments n’est pas toujours victime de leur légèreté, que pour bon nombre d’entre eux Guignard n’en fut pas autrement amoindri dans leur estime. On lui concéda une force de caractère, une énergie de volonté, une bravoure du cœur, au milieu des difficultés de la vie, qui en imposaient à leur esprit de dépendance, à leur insouciance du lendemain, sous l’influence secourable du régime paternel.

Eugène Guignard toutefois renonça à l’art musical pour consacrer tous ses loisirs à l’exercice autrement plus lucratif de la sténographie. Les procéduriers, les conseils aux enquêtes, prévenus de sa dextérité comme de ses besoins, recherchèrent à l’envi ses services. Il n’eut plus à passer de nuits au bal, mais à transcrire ses notes, tâche de mercenaire qui, du moins, jusqu’à la fin de ses études