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L’ARRIVISTE

caste qui commande et qui règne. À moins d’admettre avec l’ascète que cette vie n’est pas la vie, que tout n’y est que mensonge et vanité, il est difficile de secouer l’appétence des biens, des honneurs, de la considération exceptionnelle qui font d’ordinaire l’escorte de l’argent.

En mettant fin brusquement, comme nous l’avons vu, à la conversation plutôt vive avec son ancien ami, Félix Larive, rompant aussi pour jamais avec la poésie de sa jeunesse, allait avant tout, temporairement du moins et comme moyen d’arriver, devenir un homme d’argent. Si leur association, leur camaraderie ne parut pas ostensiblement interrompue aux yeux des gens, les liens de leur vieille amitié, noués à une époque de la vie où les appels de l’intérêt sont moins impérieux, avaient cependant reçu une secousse fatale. La rupture fut dissimulée, retardée parce qu’il entrait dans les calculs de l’homme pratique qu’il en fût ainsi. Pendant quelque temps encore, la clientèle de l’étude légale Guignard