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LA CIGALE ET LA FOURMI

les yeux des phrases suggestives qu’il se plaira à compléter. Il y trouvera d’autant plus de plaisir qu’il se croira seul capable de cette collaboration factice. »…

Toute la classe a écouté bouche bée cette tirade par trop subtile et quelque peu diffuse du professeur. Cependant l’on sent bien, à ne pas s’y tromper, qu’il y a là deux camps parfaitement divisés, largement séparés : les bonnes âmes et les gogos, qui gobent tout de confiance ou par flatterie, et le groupe toujours trop nombreux des mauvais esprits ou soi-disant esprits forts, cherchant constamment l’occasion de se goberger de l’autorité qui s’affirme et des théories qu’on leur enseigne.

L’élève Guignard sera des premiers. — Sérieux, discipliné, conscient de l’importance de ses études ; sorti d’un milieu familial qui ne lui a inspiré aucune prétention, il est là, sous les yeux du professeur en classe ou devant ses livres à la salle d’étude, pour s’instruire, acquérir ce développement intellectuel, ces connaissances des choses de l’esprit dont il