Aller au contenu

Page:Christen - L'Hygiène dans l'armée japonaise, 1911.pdf/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bataille ; mais quand ils ne trouvèrent plus de cadavres, ils devinrent, poussés par la faim et mis en goût par la chair humaine, de véritables bêtes fauves qui s’attaquèrent aux vivants. Des sentinelles furent de nuit attaquées par eux, et Matignon raconte qu’un officier anglais et lui furent également attaqués aux portes de Moukden. L’officier anglais, qui était à pied, dut son salut à un arbre dans lequel il monta, et le Dr Matignon à la vitesse de son cheval.

Bien que, pendant cette campagne de dix-huit mois en Mandchourie, aucune épidémie n’ait sévi sur les troupes japonaises, les 800 000 hommes qui furent rapatriés, considérés comme pouvant transporter sur eux ou dans les replis de leurs vêtements des germes pathogènes, furent soigneusement désinfectés. Pour cela, dans les points de débarquement des troupes, furent organisés ou aménagés, s’ils existaient déjà, des établissements quarantenaires. Ces établissements étaient toujours installés au bord de la mer, et leurs emplacements avaient été très judicieusement choisis pour éviter les causes de contamination. Ils étaient loin des villes, sur un flot ou une presqu’île, et de la sorte la surveillance en était facile et l’isolement parfaitement assuré.

À l’intérieur, tout un système de couloirs assurait une double canalisation d’hommes et d’effets, grâce à laquelle aucun contact ne pouvait s’établir entre les désinfectés et ceux qui se rendaient à la désinfection. La désinfection des hommes représente la plus extraordinaire baignade militaire des temps modernes. Elle se faisait par des bains de piscine dans de l’eau de mer très chaude à 50°, et pour ces soldats japonais, accoutumés depuis l’enfance à l’usage journalier des bains, c’était une vraie jouissance que, de retrouver cette pis-