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ÉTIENNE DOLET

lement ces rites religieux qui ont la sanction des siècles, qui nous ont été transmis par une succession d’hommes saints et pieux, qui ont été reconnus et consacrés par nos ancêtres. Je n’approuve en aucune façon un système religieux nouveau et sans portée. Seules les doctrines et les pratiques vraiment bonnes et chrétiennes me plaisent, et je les aime de tout mon cœur.

« Mais d’où vient (ce doit être du mal) que la cruauté fait les délices de Toulouse ? D’où vient que cette ville est imbue de goûts sauvages au point de ne prendre aucun plaisir si ce n’est à tout ce qui est contraire à l’humanité, et ne peut se concilier avec la justice ? Vous avez vu dernièrement un homme, que je ne veux pas nommer, conduit au bûcher dans cette ville. Son corps a été anéanti, mais sa mémoire est encore torturée par les flammes furieuses de la haine. Il se peut qu’il ait parlé témérairement et avec violence ; il se peut même qu’en une certaine occasion il ait agi de manière à mériter le châtiment réservé aux hérétiques. Cependant, lorsqu’il a voulu se repentir, devait-on l’empêcher de sauver et son corps et son âme ? Ne savons-nous pas que tout homme peut se tromper et pour un temps s’éloigner de la vérité, mais que seuls les méchants persévèrent dans leurs erreurs ? Lorsque les nuages se furent dissipés, devait-on désespérer de voir renaître le jour dans son esprit ? Et lorsqu’il s’efforçait de sortir des abîmes et des gouffres dans lesquels il s’était plongé, et d’arriver à un refuge sûr, pourquoi, d’un commun accord, ne lui a-t-on pas tendu une main secourable pour lui permettre d’atteindre le port ? Ses dernières paroles furent une réclamation contre la condamnation de l’archevêque et contre les décrets du parlement, et qui oserait nier que sa voix aurait dû être écoutée ? Ainsi donc ses bonnes dispositions à oublier ses erreurs pour rentrer dans le droit chemin n’ont pu le sauver ; la résipiscence, ce salut des pénitents, n’a pu le délivrer de la cruauté de ses ennemis. Toulouse, comme toujours, peu soucieuse de montrer des sentiments d’humanité