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CHAP. VII. — L’ORATEUR

contre les superstitions ridicules et enfantines qui, à Toulouse, usurpaient le nom de religion, contre la bigoterie, qui avait envoyé Jean de Caturce au bûcher, qui avait humilié et mis à l’amende Jean de Boyssone, qui avait persécuté Pac et Bunel, et qui enfîn avait tenté, heureusement sans succès, de porter atteinte à l’évêque de Rieux lui-même.

« Aucun de nous n’ignore que les doctrines nouvelles de la religion chrétienne que Luther a propagées depuis quelque temps ont été la cause d’inimitiés profondes, et qu’elles ne sont approuvées que par certaines personnes turbulentes, animées d’une curiosité impie ; mais vous savez aussi que, lorsqu’un homme donne des preuves de génie et d’intelligence supérieure, il ne tarde pas à être soupçonné d’hérésie luthérienne par les gens d’un esprit étroit et dépravé, et qu’il doit supporter toute la haine que fait naître une pareille accusation. Toutes les fois que les furies de Toulouse ont eu en main ces armes qui leur permettaient de donner libre carrière à leur haine contre les savants et les hommes d’étude, combien d’hommes illustres, réputés pour leur science ou leur talent, ne se sont-elles pas efforcées d’anéantir ! Qui les a jamais vues voter l’acquittement d’aucun homme de savoir ? Je crois déjà entendre ces calomniateurs grincer des dents en écoutant ma voix ; il me semble qu’ils pensent déjà à ma condamnation. Je crois même les entendre m’accuser d’être luthérien. Celui qui dernièrement m’a tant ravalé (Pinache) a déjà résolu, je n’en doute pas, d’approuver et de susciter les calomnies ; mais afin qu’il ne puisse pas, même un instant, jouir du plaisir ou de l’espérance de me voir accuser si odieusement, et afin qu’on ne puisse en aucune façon me jeter à la face des soupçons d’hérésie, je déclare ouvertement et énergiquement, et je vous demande à tous de me croire, que je ne fais nullement partie de cette secte impie et obstinée, que rien ne m’est plus odieux que les doctrines et les systèmes nouveaux, et qu’il n’y a rien au monde que je condamne plus fortement. Je suis de ceux qui honorent et révèrent seulement cette foi, seu-