Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
211
CHAP. X. — LES CICÉRONIENS

d’offenser les gens bons et pieux, il faudrait d’abord que je comprisse ce que vous voulez dire, car je le comprends si peu que je ne puis trouver quoi que ce soit qui me le fasse supposer. Mais nous pourrons parler de cela plus tard, puisque vous avez l’intention de venir à Lyon.

« Je suis vivement chagriné de la mauvaise chance des étudiants français, dont la vie est menacée à Toulouse. Mais pourquoi tout homme qui a du bon sens ne fuit-il pas ces barbares ? Qui donc voudrait raisonnablement passer sa vie au milieu de ces gens ? Si les étudiants français écoutaient mes conseils, ils feraient leurs études dans une université française et seraient à l’abri de la barbarie et de la brutalité de Toulouse.

« Mais laissez-moi vous parler de choses plus agréables. Je suis ravi que vous ayez été si cordialement et si gracieusement reçu par la Reine de Navarre, et puisqu’elle désire que vous alliez à Bourges, je vous supplie, au nom de l’amitié qui nous unit, de ne pas faire la mine à la fortune qui vous rappelle à votre dignité d’autrefois et cherche à vous faire oublier les malheurs qu’elle vous a infligés jusqu’ici ; fuyez en France, dans ce pays dont la civilisation cultivée vous est connue, tandis que la barbarie de Toulouse n’est ignorée de personne. Je vous conjure, mon cher Boyssone, d’écouter l’avis sincère de votre ami, si les circonstances vous permettent de le suivre ; dévouez-vous à la culture française. Il viendra un jour où vous vous fatiguerez de vivre dans l’inquiétude au milieu des barbares, surtout quand vous aurez achevé le commentaire que vous écrivez sur ce chapitre d’Ulpian. Adieu. Lyon, 31 août. »

Quelques semaines plus tard, et après la réception d’une nouvelle lettre de Boyssone[1], Dolet lui écrit ce qui suit[2]:

« Vous m’avez dit que vous manquiez de temps pour vous

  1. Cette lettre n’est pas dans les manuscrits, mais il en est question dans la lettre de Dolet du 6 octobre.
  2. Manuscrits, fol. I.