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ÉTIENNE DOLET

dit-il, « de ne pas m’excuser tout au long auprès de vous au sujet de l’excessive sévérité que vous reprochez à mon Dialogue. Je m’excuserai, ou plutôt je me défendrai, de toutes mes forces, contre ceux qui ont embrassé la cause d’Erasme. Vous ne sauriez croire combien je fais peu de cas de l’attaque de ce jeune Allemand[1], attaque que j’attribue à l’influence du vin et de l’ivresse, ou peut-être à l’ostentation enfantine de la grossièreté allemande et à un besoin effréné de parler à tort et à travers. Je connais la force de cet individu qui est excessive quand il s’agit de vin ou de femmes, mais qui est bien débile et bien faible quand il s’agit d’autre chose. Mais je tiens à faire savoir à quiconque défend Érasme contre moi, que ce ce n’est pas à l’Allemand que je répondrai, mais à Érasme lui-même. Je vais écrire quatre discours et deux livres d’iambes pour traiter toute la question.

« Quant à ce que vous me demandez particulièrement, c’est-à-dire que je fasse en sorte qu’il ne me semble pas inévitable

  1. Je n’ai pas pu découvrir qui était ce jeune Allemand qui défendit Érasme contre Dolet. Je ne connais aucun livre imprimé avant la fin de 1536 qui fasse allusion au Dialogue. Il est curieux de remarquer que la lettre de Mélanchthon, dans laquelle il dit : « Cogito de aliquo instruendo qui respondeat », est datée du mois de novembre (1535), tandis que la lettre de Dolet (datée du 31 août) fut écrite assurément en 1535, et partant avant que Mélanchthon eût formulé son intention. M. Guibal, qui cite cette lettre (Revue de Toulouse, 1864, p. 97), suppose que la personne en question était Latomus (Masson), alors professeur à Paris. Mais, outre que Latomus avait cinquante ans à l’époque, et ne pouvait guère être appelé par Dolet juvenis Germanus, il était ennemi avéré d’Érasme. M. Guibal semble avoir confondu ce jeune Allemand avec ce « quidam Germanus grammaticus publicus Lutetiœ prœlector» que Dolet nomme dans le second volume de ses Commentaires, 636, comme ayant trouvé à redire à un passage de son premier volume, et qui probablement n’était autre que Latomus. Le Dialogue de Dolet fut violemment attaqué par Menapius dans son oraison funèbre d’Érasme, 1537 (Opéra Eras. v. 10), et plus violemment encore et plus longuement par Franciscus Floridus Sabinus dans ses Horœ succissivœ (Bâle, 1539). Je ne connais aucune autre réponse. Bien que Mélanchthon écrivît peu après Curavi ut respondeatur, il semble probable que cette réplique ne fut point publiée. Un certain Joannes Gigas fit paraître à Wittenberg (1540) un volume de poèmes latins qui contient plusieurs épigrammes mordantes contre Dolet. L’une de ces épigrammes commence par ces vers : « Quid laceras Magnum divinum munus Erasmum, Quid laceras summos, fœde Doleti, viros ».