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ÉTIENNE DOLET

excuser de m’écrire moins souvent et plus brièvement que d’ordinaire. Mais croyez-vous que j’aie beaucoup de loisirs, moi qui suis l’esclave du public et de Scève (il le dit lui-même[1]) ? Mais que ne négligerai-je pas pour vous, vous que je tiens en plus grande estime que le public ou même Scève ? Et je préfère consacrer le peu de loisirs que me laissent les affaires, à vous donner les renseignements que vous désirez. La nouvelle de l’arrivée du Roi à Lyon, dont il n’était presque plus question, est de nouveau mise en circulation et on répète partout et constamment qu’il est sur le point de venir. S’il en est ainsi, nous pourrons, comme vous me l’avez écrit, causer seul à seul de bien des choses. Le livre d’Ulric Zazius intitulé :De Feudis est mis en vente ici[2]. C’est un ardent partisan d’Érasme[3] qui l’a apporté ici et si vous désirez l’avoir, de même que si vous voulez d’autres livres, je ne manquerai pas de faire diligence pour que vous les receviez aussi promptement que possible. Il a paru aussi une réponse d’Érasme au romain P. Cursius ; je vous ai adressé et l’attaque et la défense[4]. Jusqu’ici le vieil hollandais n’a encore rien écrit contre

  1. Ceci semble faire allusion aux fonctions de Dolet comme correcteur et remplaçant de Gryphius sous la direction de Scève.
  2. La première édition du livre de Zazius dont il est question ici « Udalrici Zazii, in usus feodorum epitome… ejusdem orationes aliquot disertœ » (Basiliae apud Bebelium. MDXXXV), venait de paraître. La préface est datée comme il suit : 1535. Id. Junii.
  3. Probablement J. A. Odonus. Voyez plus bas p. 214 et suivantes.
  4. Les deux livres en question sont : Petri Cursii Defensio pro Italia ad Erasmum Roterodamum (Romae apud Antonium Bladum, MDXXXV) et Des. Erasmi Rot. Responsio ad Petrii Cursii defetisionem (Basiliae, in officina Frobeniana, MDXXXV). Érasme, dans ses Adages, en parlant de Myconius Calvus avait dit que ces mots étaient une expression ironique, comme si l’on disait savant comme un Scythe, martial comme un Italien (Italum bellacem). La brochure de Cursius est une attaque contre Érasme, il porte aux nues la valeur des Italiens et montre qu’elle est de beaucoup plus grande que celle des Allemands. Érasme, dans sa Réponse, dit qu’il a employé le mot bellacem dans son mauvais sens, et qu’il a voulu dire non pas un homme valeureux, mais un homme qui est enragé pour le combat. La Réponse montre le peu d’authenticité de la lettre attribuée à Érasme (Epist. 1276), lettre adressée à Cursius, et acceptée comme authentique par Bayle (Dict. article Hongrie, Note II) et par