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ÉTIENNE DOLET

désiré détruire cet art dont elle aurait dû être la protectrice et le soutien ; mais il n’en fut rien ; on représenta au roi que l’imprimerie était la source de toute hérésie, et, le 13 janvier 1535, des lettres-patentes furent signées par lesquelles le roi défendait à toute personne, sous peine de mort, d’imprimer désormais n’importe quel livre en France, et, du même coup, faisait fermer toutes les boutiques de libraires, sous peine du même châtiment.

Le Parlement, bien qu’il fût présidé par Pierre Lizet, protesta contre cet édit et refusa, à moins d’y être absolument forcé, de le ratifier ou de l’enregistrer. Ces menaces, soutenues par celles de Budé et de Du Bellay portèrent leur fruit, et le 24 février de la même année de nouvelles lettres-patentes furent publiées par le roi annulant l’effet des premières, et donnant avis au Parlement de choisir vingt-quatre personnes prudentes et bien qualifiées, dont douze seraient désignées par le roi lui-même, lesquelles seules auraient la permission d’imprimer à Paris des éditions de livres utiles et approuvés, mais qui ne pourraient — même les douze — faire paraître aucun ouvrage nouveau sous peine de mort. Il paraîtrait que le Parlement fit encore des objections et que ces lettres-patentes ne furent jamais officiellement ratifiées. Elles furent cependant inscrites sur le registre qui a pour titre : Conseil, d’où elles ont été déterrées pour la première fois il y a cinquante ans[1]. On avait tout d’abord prêté peu d’attention à cet édit menaçant quoiqu’il en soit fait mention dans les Commentaires de Dolet. «Je ne peux,» dit-il, «passer sous silence la méchanceté de ces misérables qui, méditant la des-

  1. Nous ne connaissons les lettres du 13 janvier que par la reproduction qui en est faite dans celles du 24 février. Ces dernières furent découvertes par M. Taillandier, et imprimées ensuite par lui dans les Mémoires de la Société des Antiquaires, tom. XIII. Elles avaient été publiées auparavant dans les Études sur la Typographie de Crapelet, 34, une copie de ces lettres ayant été communiquée par M. Taillandier à M. Crapelet. On les trouvera encore dans l' Essai sur la Typographie de A. F. Didot, 760 et dans l'Histoire du Livre de Werdet, II, 75.