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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

fait admirer l’enthousiasme de Dolet et rire, tout à la fois, de la suffisance de celui qui s’imaginait être assez compétent pour entreprendre ces travaux ou qui pouvait croire qu’une vie suffirait pour les mener à bien ; il n’en est pas moins vrai que ses discours, écrits dans les prisons de Lyon, pour se défendre de la mort de Compaing et des graves accusations sur lesquelles se fonda sa condamnation à mort, ne pouvaient manquer d’être d’un très grand intérêt biographique. Son amour ardent de la science et la confiance illimitée qu’il avait en lui-même sont les traits caractéristiques les plus accentués de Dolet et ne contribuèrent pas médiocrement à ses malheurs.

Je me suis efforcé dans ce livre de montrer Dolet tel qu’il était, et je n’ai rien omis, ni les opinions défavorables de ses contemporains au sujet de ses écrits et de son caractère, ni les faits dont on peut tirer des conclusions défavorables. Lorsque j’ai esquissé le plan de cet ouvrage, j’avais une foi absolue dans les panégyristes de Dolet, je croyais, comme l’a fait supposer une certaine classe d’hommes de lettres français, que c’était un homme d’un très grand caractère, que ses vertus et sa science seules avaient excité la haine des ennemis de la vertu et de la science et l’avaient entraîné à la place Maubert. Mais une étude approfondie de ses œuvres et des autorités contemporaines m’a amené (malgré moi) à conclure que sa mauvaise tête, et j’ai peur qu’il faille ajouter son manque de cœur, fut non pas la principale mais cependant l’une des plus graves causes de ses malheurs. Avec tous ces défauts, Dolet n’en reste pas moins un homme doué d’un grand nombre de qualités admirables, d’un talent élevé, d’un désir intense d’acquérir la science pour lui-même et de communiquer cette science aux autres, d’une sympathie profonde pour tous les progrès intellectuels et d’une haine très vive pour l’ignorance, la bigoterie et la superstition.

Pour juger loyalement son caractère, et qu’on mette dans une même balance ses mérites et ses défauts, je demande