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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/168

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ÉTIENNE DOLET

« Une autre fois, je vous écrirai plus longuement. Pour le moment je vous demande de m’aimer et de me rappeler au bon souvenir de Jean de Pins à qui je dois de vous voir revenir à moi, veillez à ce qu’il me conserve l’affection qu’il a pour moi. La chose vous sera facile, vous êtes en si grande faveur auprès de lui. Adieu.

« Paris, 26 janvier[1]. »

La lettre que Dolet avait écrite à Budé est une de ces lettres louangeuses dont la correspondance latine des hommes de la Renaissance nous offre tant d’exemples — elle est pleine de phrases pompeuses et ne renferme aucune espèce de substance. Elle semble, toutefois, avoir fait plaisir au grand homme, qui, trois semaines après l’avoir reçue[2], envoya sa réponse au jeune érudit de Toulouse. Dolet la reçut avec enthousiasme, par l’entremise de son ami Bording, quelques jours après la date de l’épître qu’on vient de lire.

Voici cette lettre :

Guillaume Budé à Étienne Dolet :

« Voilà trois semaines que je trompe votre attente, si je m’en rapporte à votre lettre qui dit ouvertement quel était votre désir en me l’adressant. Je mériterais fort d’être blâmé si je retardais plus longtemps ; et peut-être même pourrais-je être accusé d’indélicatesse par votre ami Bording, qui m’a remis votre lettre et qui m’a prié d’y répondre. Mais ce qui me rend encore plus coupable d’avoir toujours attendu au lendemain, c’est que j’avais mis votre épître bien en évidence dans ma cellule, afin de ne pas oublier que je devais vous écrire. J’ai gardé votre lettre devant mes yeux pour qu’elle me rappelât chaque jour le léger travail que vous réclamiez de moi…

  1. Orat. duœ in Tholosam, p. 164.
  2. On se rappellera que dans des circonstances analogues Budé attendit dix mois avant de répondre à une lettre de Rabelais. Voyez la lettre de Budé : Budæi opera (Bâle 1557), vol. I, p. 325.