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CHAP. VIII. — GUILLAUME BUDÉ ET JACQUES BORDING

composition et l’art oratoire. Giulio Camille passa quarante années à perfectionner ce théâtre. Il était à Paris à l’époque qui nous occupe, jouissant de la faveur de François Ier, qui lui donna cinq cents ducats pour l’aider à poursuivre son idée et à bâtir son théâtre, dont un spécimen restreint, contenant tous les principes et toutes les règles de l’art oratoire suivant Cicéron, symétriquement arrangés, avait fort intéressé le monarque. A Paris Giulio Camillo se lia avec Sturm et avec Calvin. Le premier croyait à la profondeur de son savoir et à la sincérité de sa dévotion. Calvin semble avoir eu beaucoup moins de respect pour lui[1]. Dolet l’avait connu à Padoue et avait éprouvé, parait-il, une grande aversion pour lui, ayant en outre ce sentiment de mépris dont tout homme réellement instruit ou qui sait ce qu’est la science, ne pouvait guère se défendre pour un homme qui, par des moyens mécanique,

  1. Schmidt : Mém. sur Roussel, 219, 220 ; D’Aubigné : Hist. Ref. Temps de Calvin, IV, i. En 1537 nous trouvons Giulio à Padoue, où Paleario le connut ; il fait allusion à lui dans une de ses lettres à Lampridio (liv. I, Ep. 17) : « Giulio Camillo, écrit-il, bâtit un théâtre à grands frais. Il n’y a jamais eu pareille émulation parmi les ignorants qui croient pouvoir, sans étude et sans travail, arriver à écrire comme Cicéron. Pour atteindre ce but, notre Italien arrange un certain nombre de cartes dans de petites boites. C'est un fait certain, mon cher Lampridius. **********************Avi)p XofOOatôaXoç ~ ^ Xocfi^gcvEi v. :’voj ; v.t. to2 j :: ovàypouç********. Vous riez ; je suis sérieux ; il a extorqué beaucoup d’argent à ceux auxquels il promet l’excellence oratoire.» Camillo mourut en 1544 (et non pas en 1550 comme le dit la Biographie Générale), sans avoir terminé son théâtre et sans en avoir publié une explication. Il laissa toutefois en manuscrit une description fort peu intelligible de ce théâtre. Elle fut éditée par Ludovico Domenichi et imprimée à Florence par Torrentino en 1556, sous le titre de : L'idea del Theatro dell'Excellen. M. Giulio Camillo (I°, 88 p.) et fut republiée la même année à Venise par Bindoni. Nous la retrouvons dans les œuvres complètes de Camillo, données par Giolito de Venise en 1552, 1554, 1555, 1560, 1566, 1568, 1579, 1580 et 1584 (dont les éditeurs semblent n’avoir pas eu connaissance des éditions de Torrentino et de Bindoni). Voyez au sujet de Camillo, outre les ouvrages cités plus haut, sa vie par Federigo Altan di Salvarolo faisant partie du premier volume de la Nuova raccolta d’opuscoli scientifici et filologici (Venezia 1755), éditée par Calogiera ; Tiraboschi, vol. VII, p. 2226 (édition de 1824) ; reytag : Adparatus Litt., vol. III, p. 128-132 ; Vie de Paleario, par Young, I. p. 545 ; Erasmi Epist. CCCIXX, p. 1754, Gilb. Cognati opuscula, p. 84, où, dans une lettre adressées à Metellus, se trouve une explication du théâtre, suivant Sebastien Rosarius