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ÉTIENNE DOLET

Gryphius le quatrième livre de ses poèmes (1538) en lui disant :

«Mon principal objet en publiant ce quatrième livre de mes poèmes, c’est qu’il soit rendu justice, après leur mort, à ceux qui ont aimé la vertu pendant leur vie[1]. Vous poursuivez un but aussi noble en transmettant à la postérité vos livres magnifiquement imprimés, desquels dépend la gloire des anciens auteurs aussi bien que celle de nos contemporains. Je désire donc que ce quatrième livre vous soit dédié comme témoignage des efforts louables que nous avons faits l’un et l’autre, et comme preuve éternelle et constante de l’amitié qui pendant si longtemps a existé entre nous.»

A partir de cette époque et pendant les douze années qu’il lui restait à vivre, Lyon fut la résidence de Dolet. Deux séjours de courte durée à Paris, un petit voyage en Piémont en 1544 et deux longues captivités, de quinze mois environ chacune, lui laissèrent près de huit années de loisirs pendant lesquelles il se consacra sans relâche aux études littéraires. Durant ces huit années, outre qu’il fut pour un temps le correcteur de Gryphius et qu’il surveilla l’édition de trois livres pour d’autres imprimeurs, Dolet publia au moins quinze ouvrages différents de sa composition, dont quelques-uns sont très volumineux. Il traduisit en français encore cinq autres ouvrages et les fit imprimer. Il dirigea la publication de plus de cinquante œuvres de divers auteurs grecs, latins et français, pour la plupart desquels il fit fonction d’éditeur et écrivit une ode ou une préface.

Nous avons vu que son dessein, en se rendant à Lyon, avait été tout d’abord de livrer à l’impression ses discours, ses poèmes et ses lettres ; mais en arrivant dans cette ville, son épuisement physique et moral était tel qu’il dut abandonner son projet. Dans la lettre à Boyssone, qu’il écrivit peu après son arrivée, et dont un passage relatif à sa santé

  1. Le quatrième livre des Carmina de Dolet ne comprenait que des épitaphes.