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ÉTIENNE DOLET

Fournier[1]. Tous je les aime et les tiens pour chers. Adieu. Paris, 9 novembre 1534. »

Il n’est pas possible de défendre et difficile d’excuser la grossièreté avec laquelle Dolet parle dans cette épître du plus grand érudit et du premier homme de lettres du siècle — épître qui fut imprimée ensuite en tête de son dialogue. Tout ce qu’on peut dire, c’est que pareille grossièreté était chose courante quand les lettrés du seizième siècle parlaient de leurs adversaires ; nous en trouvons des exemples dans les écrits des hommes les plus distingués par leur talent, leur savoir et leur vertu, et quelque violent que le langage de Dolet puisse paraître, il est bien moins violent, bien moins grossier et bien moins inconvenant que celui dont se servit Jules-César Scaliger pour parler de ce même Érasme ou encore que celui que Luther employa pour attaquer Henri VIII et ses autres adversaires ; et il est absolument modéré en comparaison du langage de Filelfo, de Poggio et de Valla. Nous ne devons pas, du reste, oublier le gracieux hommage que Dolet adressa ensuite à Érasme mort, et le regret qu’il exprima d’avoir parlé de lui en des termes trop hostiles.

La publication des discours semble avoir été faite malgré Gryphius qui ne voulut pas que son nom figurât sur le livre, et qui se refusa à en imprimer une seconde édition en dépit des instances de Dolet et de plusieurs de ses amis. Le Dialogue, tout savant et ingénieux qu’il fût, était écrit dans un style si virulent qu’il ne put guère être goûté par les prudents amis de l’auteur ; Scève et Gryphius ne montrèrent aucun empressement à le publier. Au 31 décembre il n’était

  1. Les Fournier appartenaient à une famille riche et distinguée de Lyon au seizième siècle ; ils se firent remarquer par leur amour pour les lettres. Hugues Fournier, premier président du Parlement de Dijon, mourut en 1523 ; et je crois que son frère Humbert, plus célèbre que lui, était mort à cette époque. Il est probable que l’ami de Dolet était Claude Fournier, auteur d’une ode latine sur la mort du dauphin, insérée dans la collection éditée par Dolet en 1536. La seconde femme de Mathieu de Vauzelles était une Fournier, la première, une Scève.