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ÉTIENNE DOLET

On trouve de nombreuses dissertations dans les deux volumes, mais dans le second elles sont plus nombreuses et plus intéressantes que dans le premier. Dans l’un et dans l’autre volume l’auteur ne perd pas une occasion de se glorifier, de parler avec complaisance de ses études, de ses écrits et de ses amis, et de se plaindre de ses ennemis et détracteurs, je dirai même qu’il cherche les occasions de mettre en jeu sa personnalité. Ici, comme dans tous ses autres ouvrages, il semble avoir un pressentiment du sort terrible qui lui est réservé. En un certain passage[1] il demande que sa vie ne soit pas à la merci d’un juge ; dans un autre[2] il avoue qu’il n’a aucun désir de mourir avant son heure, mais cependant que, tout en se consacrant aux lettres, il pense continuellement à la mort. Outre les passages où il est question en général des érudits et des poètes de l’époque, il réserve, dans un second volume, des paragraphes spéciaux à Clément Marot, à Bonaventure Des Périers, à Maurice Scève, à Jean de Langeac, à Guillaume Du Choul et à d’autres encore.

L’édition des Commentaires est vraiment digne de leurs mérites intrinsèques. Les deux in-folios qui forment l’ouvrage sont, à une exception près[3], le monument le plus splendide de l’art typographique de Gryphius, ainsi que l’ouvrage inédit le plus important (et cela sans exception) qui soit sorti de ses presses fécondes. Dans les 1708 colonnes serrées qui forment le texte du premier volume l’auteur n’a relevé que huit

O Musae meritum senem
 Ornemus. Rapuit mors nimium rapax
Germanœ patriae decus,
 Doctorumque decus : quos libet Italia
Tellus, Gallaque proferat
 (Te Budæe tamen, te quoque Longoli?)
Germanæ patriæ decus,
 Doctorumque decus mors rapuit rapax.

  1. 2 Com. 1328.
  2. Ibid. 1163.
  3. Je veux parler de la magnifique Bible latine imprimée par S. Gryphius 155o, deux volumes in-folio) en caractères plus grands que ceux qu’on avait employés jusque-là pour n’importe quelle édition de la Bible.