chefs principaux ; c’étaient des gens réputés pour leur éloquence et pour leur excellence littéraire, tels que Bembo, Sadolet, Baptiste Egnazio (dont j’ai suivi les cours qu’il fit à Venise sur le de officiis de Cicéron et sur Lucrèce), Andréas Navagero, Romulus Amaséus, Nicolas Leoniceni, Lampridius, Lazarus Bonamicus. À cette phalange vinrent s’ajouter les poètes : Jovianus Pontanus, Jérôme Vida, Actius Syncérus Sannazar. Quels hommes c’étaient ! Quelles louanges ne méritent-ils pas ? Quelle gloire n’ont-ils pas gagnée ! Après ceux-ci viennent de hardis combattants, le cardinal Adrien, Bartholomœus Riccius, Marius Nizolius, Hortensius Appianus ; et avec eux, le célèbre médecin Joannès Manardus. En même temps, les barbares sont attaqués par Andréas Alciat qui, dans sa jeunesse, avait fui le camp des légistes, mais dont la culture littéraire était reconnue et hautement prisée par les érudits les plus distingués ; et il n’est pas seul, il est accompagné par Émile Ferret et par Othon Bosio qui l’excitent au combat. Telle est la noble cohorte et tels sont les illustres chefs que l’Italie avait envoyés dans la lice. Quant aux simples soldats qui formaient le gros de l’armée, je ne les nomme pas ; mais leurs noms encore obscurs brilleront un jour avec autant d’éclat que ceux de leurs généraux.
« L’Allemagne à son tour stimulée par l’Italie donna le signal à ses troupes d’engager le combat. Obéissant aux ordres de leur pays, Johan Reuchlin et Rudolphe Agricola prirent les armes, et s’assurèrent l’aide de leur disciple Érasme de Rotterdam, écrivain plutôt verbeux et sarcastique qu’élégant et gracieux, néanmoins défenseur infatigable des intérêts de la littérature, la grande pile de ses volumes en fait foi. Ils sont immédiatement suivis de Philippe Mélanchthon, le plus remarquable de tous les Allemands. Et bientôt après arrivèrent Ulrich Hutten, Béatus Rhénanus, Simon Grynaeus, Henricus Glaréanus, Martin Dorpius, Conrad Goclénius, Eobanus Hesse, Jacobus Mycillus, Johannes Oporinus, Jacobus Omphalius, Ulrich Zazius, Viglius Zuichemus, Carolus Sucquet,