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ÉTIENNE DOLET

du mot conficere dans le premier volume, est appelé stultus reprehensor. Les questions qui se rapportent à la nature de l’âme, à la mort et à l’immortalité sont discutées avec une ingénieuse liberté et même avec une véritable éloquence ; cette partie du livre nous fait regretter surtout que le De Opinione de Dolet soit perdu ; c’est ce traité qu’il nous dit[1] avoir composé sur « l’immortalité ou la non-immortalité de l’âme, sur les divers jugements des hommes concernant la religion et sur leurs différentes doctrines relatives au culte de Dieu. »

François Ier, Marguerite de Navarre, Charles-Quint, le connétable de Bourbon, Odet de Foix, seigneur de Lautrec, sont tous l’objet de remarques. Il y a des traités complets sur l’art militaire et naval des Romains, et dans aucun autre livre on ne recueille des renseignements aussi abondants sur le vin et tout ce qui s’y rapporte. On trouve même une intéressante énumération des différents vins français les plus goûtés alors. Et l’on ne peut reprocher à Dolet de critiquer ou de dédaigner dans ce volume les œuvres des lexicographes qui l’ont précédé. Robert et Charles Estienne, Lazare Baïf, Nizolius et Riccius sont tous nommés et leurs mérites sont pleinement reconnus.

Le troisième volume, qui devait être un traité complet du style, de la prose et de la poésie latine, et pour la composition duquel Dolet nous dit qu’il se proposait d’apporter le meilleur de son intelligence, de son savoir, de son travail et de son jugement, ne fut jamais écrit ; ses malheurs et ses différentes études littéraires ne lui laissèrent pas le temps — peut-être même ne lui firent pas désirer — de terminer son œuvre.

La publication du premier volume des Commentaires, tout en plaçant Dolet au premier rang parmi les latinistes de l’époque et tout en lui valant une grande réputation parmi les Français[2], ne fut pas reçu par la généralité des hommes de

  1. Com, vol. II, col. 414.
  2. Le livre, comme les autres ouvrages de notre malheureux héros, semble, pour des raisons expliquées dans le texte, avoir été peu lu à l’étranger.