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ÉTIENNE DOLET

autant que les circonstances pouvaient le lui permettre[1]. Mais Bovssone avait à peine repris possession de sa chaire que nous le voyons engagé dans un procès plus important pour lui-même ; cette affaire personnelle était due soit aux disputes entre capitouls et les étudiants, soit à la haine qu’il avait encourue en se posant en champion zélé de l’université, soit encore à la sympathie qu’il professait pour la cause de la littérature et du progrès. Tout ce que nous savons de certain sur la nature du procès, c’est ce qu’il nous en apprend lui-même en nous disant que sa vie fut mise en danger, et en se comparant à Cicéron plaidant pro domo sua[2]. Il comptait sur le président Minut, mais l’influence de ce dernier dut faire place à la bigoterie étroite de ses collègues. Boyssone fut condamné et il en appela tout de suite au grand conseil.

Nous avons déjà vu par ses lettres combien il était anxieux de savoir si le roi viendrait à Lyon. S’il y venait, il devait être accompagné par le grand conseil, qui siégerait à Lyon pendant le séjour du monarque dans le Midi. François Ier arriva le 17 février, accompagné ou immédiatement suivi du grand conseil. A l’appel de Dolet Boyssone ne perdit pas de temps pour se rendre à Lyon, dans le dessein de plaider sa propre cause.

Guy Breslay était heureusement l’un des membres les plus influents du conseil siégeant à Lyon, sinon président de fait. Dolet, Gryphius et Maurice Scève étaient tous intimement liés avec lui, et tous ils étaient désireux de recommander Boyssone. Les sympathies de Breslay avaient déjà été assurées en faveur du seul professeur de Toulouse qui souhaitait de voir avancer

  1. Lafaille, II, 90, parle de ces affaires ; mais notre principale source de renseignements est la correspondance manuscrite et les poèmes de Boyssone ainsi que les épigrammes de Voulté. On trouvera un récit fondé sur ces documents dans l’article de M. Guibal (Revue de Toulouse, juillet 1804, p. 83-85). Mais là, comme ailleurs, l’ordre chronologique des faits est un peu vague. Voyez aussi la lettre de Boyssone (août, 1535), plus haut, p. 210.
  2. M. Guibal prétend que ce procès avait réellement rapport à la maison de Boyssone, qui, comme on l’a dit plus haut, avait été confisquée après la condamnation qu’il avait encourue pour hérésie. De Boyssonaci Vita, p. 49, note 2.