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CHAP. XIV. — UN HOMICIDE ET SES CONSEQUENCES

intérêt de curiosité, mais nous renseigne sur un point important de la vie de ces hommes célèbres. C’est peut-être celui des écrits de Dolet qui est le mieux connu, - il a été fréquemment cité par les biographes de Rabelais et de Marot.

«Le jour du banquet, qu’une docte réunion d’amis préparait pour moi, arriva bientôt. On vit là réunis tous ceux que nous appelons, à bon droit, les lumières de la France : Budé, si réputé pour sa science variée et étendue ; Bérauld, aussi heureusement doué par la nature qu’habile dans la composition latine ; Danès, qui se distingue par sa culture générale ; Toussain, qui passe à si juste titre pour une bibliothèque parlante ; Macrin, à qui Apollon a donné le don de tous les genres poétiques ; Bourbon, également très habile en poésie ; Dampierre ; Voulté, qui donne au monde savant les plus belles espérances ; Marot, ce Maro français, qui montre une vigueur divine dans ses vers ; François Rabelais, l’honneur et la gloire de l’art de la médecine, qui peut rappeler et rendre à la vie ceux qui sont déjà arrivés au seuil même de Pluton.

« Parmi ces gens la conversation ne languit pas. Nous passâmes en revue les savants étrangers : Erasme, Mélanchthon, Bembo, Sadolet, Vida, Sannazar furent tour à tour discutés et loués.

«Le lendemain matin, au point du jour, je quittai Paris, et je me rendis aussi rapidement que possible à Lyon. Ma route traversait le pays qu’arrose la Seine, là où les armures de César ont si souvent ébloui les yeux de ses troupes invincibles. Enfin j’arrivai à l’endroit où la Saône partage la ville de Lyon[1]. »

Outre le banquet nous ne connaissons qu’un seul autre fait qui se rapporte au séjour de Dolet à Paris, c’est un petit incident fort agréable. Se trouvant un jour dans la boutique de Robert Estienne, il vit un livre de poèmes latins de Salmon Macrin qui venait de paraître ; et en le feuilletant il y trouva

  1. Carmina, p.62.