Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
ÉTIENNE DOLET

métiers un salaire plus élevé était réclamé par les ouvriers et refusé par les patrons ; et partout où, comme c’était le cas en Angleterre, ces derniers étaient législateurs, on vota des lois ridicules lesquelles essayaient de ne pas tenir compte des nouvelles conditions sociales ou d’empêcher l’augmentation légitime et inévitable du salaire. Mais ce n’est pas partout que les ouvriers avaient été aussi forts, et peut-être aussi turbulents, qu’à Lyon. Alors, comme depuis, ils montrèrent un zèle pour le progrès et la liberté, mais quelquefois un zèle sans connaissance[1]. Trois années auparavant seulement, lorsque les Génevois avaient chassé le Prince-évêque et attendaient l’attaque du duc de Savoie, cinq cents Lyonnais, pour la plupart imprimeurs et autres artisans, marchèrent, sous les ordres d’un typographe, au secours de leurs voisins[2].

Les dissensions qui commencèrent en 1538 durèrent pendant quelques années. Les compagnons imprimeurs eurent le dessus tout d’abord, et obtinrent que le roi publiât un arrêt en leur faveur. Mais ils ne tirèrent aucun bénéfice de cet avantage. Les maîtres imprimeurs menacèrent de se retirer à Vienne en Dauphiné. Les bourgeois de Lyon furent alarmés de penser qu’ils allaient voir disparaître pour eux une profession qui était devenue la branche la plus importante du commerce de la ville, et pour laquelle tant de capitaux avaient été engagés. On en référa aux consuls. Ils résolurent de faire tous leurs efforts pour retenir les maîtres imprimeurs. Le fils du secrétaire de la ville fut délégué pour obtenir du roi la réforme de l’arrêt, et en particulier pour obtenir un article réduisant les gages de la journée à trente-cinq sols. Cette fois les maîtres, soutenus par les magistrats de la ville, eurent gain de cause. Le 28 décembre 1541, un édit fut publié contenant le règlement de l’imprimerie pour la ville de Lyon, et établissant dans cette ville les règlements en vigueur à

  1. « Æmulationem habent, sed non secundum scientiam. »
  2. Spon. Hist. de Genève.