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CHAP. XVII. — LE GRAMMAIRIEN ET LE TRADUCTEUR

qui aujourd’hui est absolument établie, à savoir : le pluriel des noms en e que Dolet veut qu’on forme en ajoutant une s au lieu d’un z: Exemple : voluptés, dignités et non pas : voluptez, dignitez. Et cet ouvrage de Dolet n’est pas sans importance pour l’histoire de la langue française à un autre point de vue encore. C’est Dolet le premier, suivant Henri Estienne, qui introduisit l’expression:: faire de bons offices pour faire de bons services et traduisit officium par office au lieu de devoir[1].

Le volume se termine par le dixain suivant dû à la plume de Charles de Sainte-Marthe :

Au lecteur François,

Pourquoi es-tu d’aultruy admirateur, Vilipendant le tien propre langage ? Est-ce (Françoys) que tu n’as instructeur Qui d’iceluy te remonstre l’usage ? Maintenant as, en ce grand advantage, Si vers ta langue as quelque affection, Dolet t’y donne une introduction, Si bonne en tout qu’il n’y a que redire : Car il t’enseigne (o noble invention !) D’escrire bien, bien tourner et bien dire.

Ces trois petits traités eurent un succès plus vif et plus immédiat qu’aucun autre ouvrage original[2] de Dolet. Une seconde édition en fut donnée par l’auteur en 1541, une troisième en 1542, et une quatrième en 1543. D’autres imprimeurs éditèrent ensuite ces opuscules ; avant la fin du siècle, la

  1. J’enten bien maintenant ce beau trait, Faire de bons offices, c'est ce qu'on disoit auparavant Faire de bons services. Or je m’asseure que si on veut faire la recherche, on trouvera que ceste manière de parler n’est venue en usage que depuis la traduction des epistres de Ciceron, faicte par Dolet, car dOfficium latin il en dit office en François, au lieu de dire Devoir : et depuis ce mot vint en usage, premièrement entre les secrétaires d'estat, et peu à peu entre les autres courtisans. Deux Dialogues du nouveau Langage François Italianizé par Henri Estienne. Paris, Liseux, 1883, Tom. I, p. 105.
  2. Je dis original, car la traduction des lettres de Ciceron par Dolet eut unsuccès plus grand encore, et eut bien plus d'éditions que ces traités.