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CHAP. XX. — PRÉSAGES DE LA FIN

La moitié environ de ces volumes ne pouvaient être pris à partie. J’ai déjà parlé des Épîtres Familiaires et des éditions de Marot et de Rabelais ; le 'De Comparanda Eloquentia de Revergata, une édition du De Moribus in Mensa servandis, de Sulpicius Verulanus, traduit par un ami de Dolet, Guillaume Durand, La parfaicte Amye d’Heroët, L’Amie de Court de La Borderie, le Mespris de la court, traduit de l'espagnol de Guevara par Allègre, plusieurs traités médicaux Canappe, de Tolet et de Pierre Vernei, une oraison funèbre de Claude Baduel et un manifeste de François Ier contre Charles-Quint, tous ces livres ne pouvaient faire courir aucun risque à l’imprimeur ; mais les autres ouvrages que Dolet imprima pendant cette demi-année — quelques-uns étaient entièrement ou en partie de sa composition — ne pouvaient manquer d’offenser les chefs ecclésiastiques et de fournir à ses ennemis des armes contre lui, ce que ces derniers attendaient depuis longtemps. Le Nouveau Testament en français, les Epîtres et les Évangiles pour les cinquante-deux dimanches avec le commentaire de Le Fèvre d’Estaples, la traduction française des Psaumes et des Cantiques, faite peut-être par Dolet lui-même, l’Exhortation à la lecture des Saintes-Écritures, le Bref discours de la republique Françoyse désirant la lecture des livres de la Saincte Escripture luy estre loysible en sa langue vulgaire, et un sommaire de l’Ancien et du Nouveau Testament, autant de livres qui ne pouvaient émaner d’un chrétien pur et orthodoxe, étaient dangereux pour les fidèles et remplis, suivant les termes de la condamnation prononcée contre celui qui les avait imprimés et édités , de «damnables et pernicieuses hérésies». Outre ces ouvrages, Dolet publia en français deux traités religieux écrites par l’odieux Érasme : Le Manuel du Chevalier Chrestien, traduit par Louis Berquin, qui fut brûlé comme hérétique, et Le Vray moyen de bien et catholiquement se confesser, traduit peut-être Dolet lui-même, l’un et l’autre remplis d’hérésies ; La Fontaine de Vye et le Livre de la Compaignie des Penitens n'étaient