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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/451

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CHAP. XXIII. — LE SECOND ENFER

avait d’excellent vin muscat tout prêt à être bu ; si le concierge voulait le conduire jusqu’à sa maison, l’argent pourrait être touché et ils pourraient boire ensemble le muscat « à plein fonds».

Les geôliers et les guichetiers eurent de tout temps la réputation de francs buveurs, et, séduit par la promesse du muscat et peut-être par un petit don d’argent ou une commission sur la somme qui devait être touchée, le concierge accepta la proposition de son prisonnier, croyant prendre toutefois toutes les précautions nécessaires pour que Dolet ne s’enfuie. Dolet offrit un souper au concierge et à quatre sergents de ville et, avant l’aube, le lendemain matin, le concierge et son prisonnier, précédés et suivis de deux sergents, quittèrent la prison de la Rouane, qui se trouvait à l’endroit même du palais de justice actuel. Le pont qui traverse maintenant la Saône à cet endroit n’existait pas au seizième siècle, mais il parait probable qu’une sorte de pont, de bateaux peut-être, occupait alors sa place. Notre compagnie dut passer ce pont et alors arriver à la rue Mercière, tout près de la maison de Dolet, par la rue de la Monnaie. La rue Mercière est parallèle à la Saône et au quai Saint-Antoine sur un certain parcours dans la direction du nord. Au coin de la rue de la Monnaie se trouvait le couvent de Saint-Antoine, et vers le nord du couvent s’élevait la maison occupée par Dolet. Les étages supérieurs de toutes les maisons de la rue ont été démolis depuis et rebâtis, mais les rez-de-chaussée, bâtis solidement en pierre, sont presque tous tels qu’ils étaient au seizième siècle. On entrait alors, connue aujourd’hui, sous une allée voûtée de pierre, qui non seulement donne accès dans la maison elle-même, mais s’étend sous la maison jusqu’au côté opposé qui donne sur la rivière (ou communique avec une autre voûte), et ainsi offre un débouché sur le quai Saint-Antoine, exactement comme Dolet nous le dit[1].

  1. C’est grâce à la complaisance de feu M. le président Baudrier que je puis