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ÉTIENNE DOLET

Et que du mal bien me viendra.
Ce ne sera chose cachée :
Je suys certain qu’il adviendra !

Si le livre s’était terminé ainsi, nous n’aurions pas pu croire que le premier président lui-même y eût trouvé quelque chose de condamnable. Mais après l’Enfer viennent les deux dialogues : Deux Dialogues de Platon. Scavoir est : L’ung intitulé Axiochus, qui est des Miseres de la Vie humaine et de l’immortalité de l’âme ; l’aultre intitulé Hipparchus , qui est de la convoitise de l’homme, touchant le gaing et augmentation des biens mondains. Le tout nouvellement traduict par le dict Dolet. C’était là l’une des premières tentatives faites pour présenter un écrit de Platon au public français, et il est curieux de noter que le premier dialogue qu’on traduisit dans cette langue est justement l’un de ceux qui sont regardés aujourd’hui comme apocryphes[1].

On se demande si Dolet traduisit ces dialogues directement sur le texte grec, ou sur des traductions latines existant déjà, et les critiques et les biographes ont beaucoup discuté

  1. Suivant Née de la Rochelle, l’Axiochus avait déjà été traduit en français et imprimé à Paris. L’autorité qu’il cite est le catalogue de la bibliothèque du comte Hohendorf, partie 3, n° 1930, où l’on mentionne une traduction française de l’Axiochus, sans date, mais reliée avec des pièces datées de 1537 et 1539, ce qui fait dire à Née de la Rochelle que ’Axiochus doit être de la même époque. Suivant La Croix du Maine, Guillaume Postel est l’auteur de cette traduction. Dans le catalogue Yemeniz, n° 473 , on trouve une traduction de l’Axiochus imprimée à Paris par Denis Janot, mais sans date. Une note indique que ce livre est la seconde édition de la traduction de Dolet, et c’est l’indication que l’on trouve aussi dans la dernière édition du Manuel de Brunet (vol. IV, c. 703), mais la chose me semble douteuse, car le titre est tout différent. Ce livre est probablement un exemplaire de celui qui figure au catalogue Hohendorf, et attribué par La Croix du Maine à Postel. Je n’ai pu trouver un exemplaire de ce livre. (La collection Hohendorf fut acquise par la bibliothèque impériale de Vienne, où, sans nul doute, on trouverait l’exemplaire en question de l’Axiochus.) La même année (1544), avec cette traduction de Dolet, parut une traduction française du Lysis de Platon, due à Des Périers et imprimée à Lyon par Tournes en même temps que d’autres ouvrages de Des Périers. C’est par erreur que M. Aimé Martin dit (Réhabilitation, p. 21), que ce livre porte la marque de Dolet, la doloire ou hache.