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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/468

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ÉTIENNE DOLET

lettres de grâce, dûment enregistrées par le parlement, libéraient Dolet des conséquences des actes qui avaient servi de prétexte à sa première condamnation. Même devant la Chambre ardente et lorsque le premier président siégeait, il fallait que le coupable fût accusé d’un crime capital pour qu’il pût être condamné à mort, quel que fut le caractère des témoignages, vrais ou faux, que l’accusation pouvait avoir à fournir.

La seule publication que Dolet fit depuis son élargissement, en 1543 (sans compter les réimpressions dont il a été question), fut celle qui contenait le Second Enfer et les dialogues de Platon. On résolut d’examiner ce livre afin d’y trouver un prétexte pour poursuivre son auteur, et l’ouvrage fut en conséquence soumis à la Faculté de théologie de Paris. On ne trouva aucune hérésie dans le Second Enfer, ni dans la traduction de l’Hipparchus, mais dans l’Axiochus il n’en fut pas de même. Le but de l’auteur de ce dialogue était de prouver l’immortalité de l’âme, chose que le traducteur ne perdit pas de vue, et nous sommes porté à supposer que Dolet, en faisant imprimer sa traduction, voulait surtout prouver combien était fausse la rumeur très répandue qui tendait à faire croire qu’il niait l’existence de l’âme après la mort. Voici le sommaire que Dolet mit en tête de son dialogue :

«Ce dialogue de Platon n’est aultre chose qu’une remonstrance divine que Socrates faict à Axiochus, lequel avoit esté en son temps homme de grand’sapience et vertu. Mais se trouvant à la mort, il se troubloit l’esprit, et ne demeuroit en sa gravité première. Or ceste remonstrance de Socrates consiste en la probation évidente de l’immortalité de l’ame : et en la déclaration des maulx qui sont en la vie humaine. Desquelz maux nous sommes deliverez par la mort : et retournons au manoir éternel, où toute félicité et béatitude abonde pour ceulx qui auront vertueusement vescus.»

Toutefois, au cours de l’argumentation qui est peut-être plus ingénieuse que solide, l’auteur du dialogue prête à Socrate la réflexion suivante au sujet de la mort :