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ÉTIENNE DOLET

armes des chevaliers sculptées dans la pierre et où le vin délicieux de la commanderie fait vivre leur souvenir. Si les historiens n’ont pas accordé à Odo les capacités requises pour gouverner l’ordre, ils ont du moins célébré sa modération et sa charité. En 1317 Gérard de Pins, qui sept ans auparavant s’était distingué à la prise de Rhodes, fut nommé grandvicaire par Clément V et, en cette qualité, régna à Rhodes pendant la querelle de Fouques de Villaret et de Maurice de Pagnac, qui se disputaient le titre de grand-maître. La mort de Pagnac (1321) mit fin à la régence de Gérard, qui s’était fait remarquer au siège de Rhodes attaqué par Orkhan, fils du sultan Osman ; et jusqu’à sa mort, pendant vingt-trois années, il montra, par les services qu’il rendit au grand-maître et à l’ordre, qu’il n’était pas moins capable d’obéir comme sujet que de régner comme souverain En 1355, onze ans après sa mort, son parent Roger de Pins fut élu grand-maître en remplacement de Pierre de Cormillan. Quoiqu’il ne manquât pas de capacité militaire, c’est comme administrateur et surtout comme bienfaiteur des malades et des nécessiteux qu’il doit d’être reconnu par la postérité comme le plus habile et le meilleur des grands-maîtres. Depuis sa jeunesse il avait veillé aux intérêts de l’ordre et il reconnaissait que cette institution n’était pas sans défaut ; et, au lieu de suivre les conseils ou plutôt les ordres insidieux du pape Innocent IV, qui, ennemi de l’ordre, désirait le voir abandonner l’île de Rhodes et s’établir en Achaïe, où il aurait été moins puissant et plus soumis, Roger se donna pour tâche de réformer les statuts, travail qu’il accomplit avec succès. Mais il veillait autant à la prospérité de ses sujets de Rhodes qu’à celle de l’ordre, et lorsque la peste et la famine ravagèrent l’île, il employa tous ses revenus à secourir les pauvres — il alla même jusqu’à vendre l’argenterie et le mobilier de son palais pour se procurer de l’argent.

Mais les de Pins ne dédaignaient pas des devoirs plus humbles, sinon moins utiles, et on ne trouve pas de nom plus