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ÉTIENNE DOLET

a pour titre : Le très vaillant Paris et la belle Vienne : elle fut réimprimée la même année à Paris par Bade Ascense, à la fin d’une vie de saint Roch, également écrite par Jean de Pins. En 1520 le roi le nomma ambassadeur à Rome, et, en même temps, évêque de Pamiers ; mais des obstacles, dont nous ne connaissons pas la nature, l’empêchèrent d’obtenir la possession de ce siège épiscopal, en échange duquel on lui donna peu après celui de Rieux ; vers la même époque on lui confia l’abbaye de Moissac. À Rome il justifia l’opinion qu’on s’était faite de lui pendant son séjour à Venise. Ses lettres conservées parmi les manuscrits politiques de la Bibliothèque nationale montrent que, lorsqu’il se trouva dans la capitale de la chrétienté, il réussit non seulement à démêler et à arrêter les intrigues de la cour papale, mais à donner aussi à son gouvernement de précieuses informations au sujet des affaires d’Angleterre, d’Ecosse, d’Espagne et de Naples.

Les Italiens de ce temps aimaient à dire que les barbares — ils voulaient dire les gens d’au-delà des Alpes — perdaient par la diplomatie ce qu’ils gagnaient par les armes. Mais Jean de Pins semble avoir été en état de lutter avec les Italiens astucieux, et s’il ne réussit pas dans cette affaire si importante pour son pays et à laquelle tenaient tant le roi de France et le chancelier, je veux parler de l’élection à la papauté d’un cardinal français au conclave qui suivit la mort de Léon X, il est probable que cet insuccès ne fut pas dû à un manque d’habileté de la part de l’ambassadeur ; l’élection du cardinal d’Utrecht peut être attribuée à la puissante influence que Don Juan Manuel, l’ambassadeur impérial, pouvait exercer sur plusieurs des cardinaux ou bien, comme les cardinaux eux-mêmes et particulièrement le cardinal de Médicis le firent entendre, à l’inspiration directe et immédiate du Saint-Esprit, ou encore peut-être à ces intrigues personnelles qu’on rencontre invariablement dans ces assemblées peu nombreuses qui ont à élire un chef et qui arrivent assez