Page:Christophe Colomb - histoire de sa vie et de ses voyages - Tome I (1856).djvu/216

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drait aucun repos avant que Grenade ne fût sous la domination de la Croix, ne voulait pas attendre les préparatifs d’une guerre nouvelle. Il rassembla les efforts de ceux qui l’aimaient, et obtint que la Junte statuerait définitivement sur son projet.

L’évêque d’Avila, Fernando de Talavera, présida de nouveau cette réunion. Son opinion n’était pas changée. Tous les membres de la Junte déclarèrent à l’unanimité que ce projet reposait sur une base fausse et imaginaire ; son auteur affirmant comme vérité, ce qui était impossible[1].

Malgré ces tristes conclusions, la Reine n’abandonnait pas le projet. Son génie ne condamnait point celui de Colomb. Cependant, comme la guerre qu’elle allait porter à Grenade entraînait des frais énormes, Fernando de Talavera fut chargé de lui dire que l’épuisement du trésor empêchait la Reine de songer actuellement à son entreprise ; mais que dès la fin de la guerre, on reprendrait l’examen de sa proposition.

Après tant d’années d’attente soumise, de démarches persévérantes, d’espérances déçues, cette réponse aurait atterré tout autre esprit que celui de Colomb. Mais endurci aux privations, aux railleries, aux dédains de la superbe ignorance, il soutint avec fermeté ce nouveau mécompte. Voulant absolument que l’Espagne, dont le zèle religieux et le caractère chevaleresque intéressait ses plus intimes sympathies, profitât de sa découverte, il en proposa l’entreprise à l’un des plus grands seigneurs de Castille, le duc de Médina-Sidonia, qui avait à lui une

  1. « E que todos ellos accordaron que era imposible ser verdad loque el dicho decia. » — Témoignage du docteur Rodrigo Maldonado dans le l5e interrogatoire de l’enquête. — Suplem. prim. à la Coleccion diplomatica.